Musicolalie

Notes musicales

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Analyse et piano

Fil des billets

lundi, juin 1 2009

Emballement de mai...

Le collège de France accueille Pierre Laurent Aimard, et accélère la cadence. De nombreuses vidéos sont à voir ou à télécharger sur le site, dans le désordre, sur la pulsation, le son ; à noter, enfin, un séminaire-cours particulièrement éclairant sur le lien entre langue et musique, abordé via la syntaxe, l'élocution, la grammaire, et l'articulation.

Cette thématique fait écho à un colloque de rentrée du même Collège de France, intitulé "Aux origines du dialogue humain : Parole et Musique", avec des interventions passionnantes et croisées, sur les bases physiologiques de l'audition, l'apprentissage du chant chez l'oiseau, les langages tambourinés d'Afrique, l'émotion dans le langage musical... Le tout, avec des intervenants de prestige, Jacques Bouveresse, Emmanuel Bigand, Simha Arom, Stanislas Dehaene ; le savoir est en ligne, servez vous !

samedi, mars 21 2009

Pierre-Laurent Aimard, Collège de France, Épisode 2

Corps et espace. L'interprète et la scène, le corps de l'interprète ; différents types de productions sonores, multiplicité des techniques, projection acoustique

pianisteDans cette nouvelle conférence, Pierre Laurent Aimard aborde avec finesse et intelligence des questions rarement traitées, et pourtant essentielles. Un précédent billet soulignait le léger manque d'exemples musicaux dans la première conférence donnée au Collège de France ; ce manque est largement comblé aujourd'hui !

Dans une réflexion étayée sur le corps, sur l'énergie, le mouvement, le rapport entre le son et la disponibilité physique de l'interprète, et exemples à l'appui, PLA nous démontre ce qui change dans l'acoustique si on bloque les épaules, le dos, le poignet, etc. Et illustre aussi comment passer d'une "sonorité de pointe sèche" ravélienne, à "l'absence d'acuité dans l'émission" d'un cor brahmsien...

Il pose ensuite un jeu de correspondances riche d'enseignements entre l'instrument (piano) et le corps-instrument de l'interprète : comment éliminer les blocages, les résistances, bref, il pose les jalons d'une esthétique de l'ergonomie.

La réflexion chemine ensuite sur des questions d'acoustique (Existe-t-il un instrument idéal ? Une salle idéale ? Comment épouser une salle acoustiquement ? Comment faire qu'une salle respire, que le public se sente concerné par la musique ?). Bref, une vraie charte des "Droits et devoirs acoustiques de l'interprète"... Enfin, la conférence se termine en évoquant le son propre à certaines oeuvres ou certains compositeurs (Bach, Mozart, Chopin, Liszt, Kurtag, etc.), puis en construisant des "jeux de doubles", en quelque sorte des filiations acoustiques (Brahms-Stockhausen, Beethoven-Schoenberg, Haydn-Carter).

Plus courte et ramassée que la précédente conférence (environ 1h15), très "concrète" musicalement, cette nouvelle intervention devrait donner matière à réflexion aux pianistes, et aux interprètes en général.

vendredi, mars 13 2009

Synthèse vocale et musicale

guitareL'analyse multimédia est en marche, mais il restait à démontrer ce que le multimédia peut apporter à l'art de l'interprétation...
Voici un exemple d'analyse de l'interprétation de Noctuelles - extrait des Miroirs de Ravel - par Samson François, réalisé par Nicolas Donin. Grâce aux nouvelles potentialités offertes par le numérique, il est à présent possible de mesurer précisément les différences de timing et d'intensité entre plusieurs versions, et de mettre en lumière ce qui est spécifique à telle ou telle interprétation...

Ce qui nous amène au deuxième point de ce billet : la "synthèse instrumentale". Si l'on fait un parallèle avec la recherche sur la "synthèse vocale" (faire lire un texte écrit), la "synthèse musicale" est... en retard.

Pour l'instant, on sait transformer par ordinateur certains textes musicaux en musique (voir les possibilités de logiciels comme Finale ou Sibelius). Ce qui manque ? Une plus grande qualité dans la banque de sons disponibles (les "samples", qui cependant s'améliorent rapidement) ; et surtout ce qui fait encore un peu défaut dans la "synthèse vocale" : l'intonation. La spécificité du langage parlé, ce qui véhicule le sens, c'est en effet la musique de la langue et de la voix, son phrasé, son débit, son articulation, sa respiration, ses silences...
Et ce qui est important pour le langage parlé est essentiel pour la langue musicale. C'est donc peu dire qu'il est toujours difficile d'écouter sans crispation un fichier musical type Finale. Mais peut-être plus pour longtemps...

Les chercheurs du KTH Unit for Language and Communication travaillent sur les liens entre langage et musique, et sur la manière de rendre une interprétation mécanique plus "vivante". Pour cela, ils formalisent des concepts et des règles : les contrastes de durée, l'idée de "charge" mélodique (comme on parlerait de la "charge" émotive), la justesse expressive, la ponctuation, la phrase en arche, l'inégalité et le swing, la "charge" harmonique, le ralenti final... Expérience intéressante, qui illustre chaque concept par plusieurs exemples :

  • No Rule : Version sans règle (mécanique pure)
  • Medium : Version musicalement acceptable
  • Exaggerated : Version qui pousse la règle
  • Inverted : Version "en négatif" de la règle

De tout temps, les musiciens ont intuitivement façonné des règles d'exécution musicale ; et pour apprendre l'art de bien chanter, l'art du cantabile, l'inégalité, la justesse, le sens de la couleur, de la modulation colorée, la question du phrasé, de la carrure, etc., il fallait consulter des traités, écouter les maîtres. Et surtout, il fallait avoir du goût. Bientôt, peut-être, il suffira d'avoir Google.

vendredi, mars 13 2009

De main de Maître

beethovenSi l'on se penche sur le cours tumultueux de l'histoire musicale, et plus précisément si l'on regarde à travers le prisme de la partition et de ses évolutions, on y voit la figure de l'interprète se scinder progressivement. On y assiste à l'avènement de différents corps sociaux, de différentes fonctions dans les métiers de la musique.

Tout d'abord, il y avait Celui qui "Musique" (chante, joue, improvise, transmet, divertit). Puis, Celui qui Joue, et Celui qui Compose. Puis il y eut Celui qui Copie. Puis vint Celui qui Grave. Puis enfin Celui qui Publie.

Pour résumer, la diffusion de la musique imprimée accentua la ligne de fracture entre l'écriture, la lecture et les moyens de reproduction/diffusion. Et avec la multiplication et la dispersion des sources, autographes, premières éditions etc., l'interprète musical se voyait contraint (par manque de temps, de formation, de moyens financiers, ou d'envie) de suivre une édition de référence, et de déléguer donc une part importante de son travail - avec néanmoins la mention "Urtext" gravée sur sa conscience tranquille...

La numérisation galopante des fonds documentaires engendre des problématiques nombreuses et complexes, mais elle constitue, considérée sous ses aspects positifs, une véritable révolution. Dorénavant, il est possible de consulter des manuscrits, des premières éditions, etc. et ce sans faire physiquement le tour d'Europe des bibliothèques...

C'est un tout autre voyage, un voyage dans les linéaments d'une pensée musicale, un périple à dos de plume, qui saisit les hésitations, biffements, et autres fulgurances... À voir donc, le site patachon particulièrement riche et varié, qui propose un grand nombre d'extraits de manuscrits (Bach, Bartok, Beethoven, Berlioz, Brahms, Bruckner, Chopin, Debussy, Haydn, Mozart, Ravel, Schubert, Schumann, Vivaldi...)

Également, les archives Beethoven de la bibliothèque de Bonn ; avec des oeuvres originales, mais aussi des oeuvres copiées par Beethoven (par exemple, des extraits de Don Giovanni de Mozart)

Enfin, la British Library offre aux manuscrits un écrin multimédia de toute beauté (zoom, exemples musicaux, informations, transcriptions) et permet de tourner (virtuellement) les pages d'oeuvres de Mozart, ainsi que de Leonardo de Vinci, Jane Austen ...

dimanche, mars 8 2009

Deezer, juke-box numérique

Image_2.pngPour les rares qui ne le connaissent pas encore, Deezer est une sorte de juke-box en ligne. Impossible de télécharger bien entendu, mais on peut écouter et profiter de la richesse du catalogue musical. Très impressionnant pour les musiques actuelles, il y a également un fond intéressant pour la musique classique... C'est en tout cas un bon moyen de faire des comparaisons d'interprétations, ou des commentaires d'écoutes...