Corps et espace. L'interprète et la scène, le corps de l'interprète ; différents types de productions sonores, multiplicité des techniques, projection acoustique

pianisteDans cette nouvelle conférence, Pierre Laurent Aimard aborde avec finesse et intelligence des questions rarement traitées, et pourtant essentielles. Un précédent billet soulignait le léger manque d'exemples musicaux dans la première conférence donnée au Collège de France ; ce manque est largement comblé aujourd'hui !

Dans une réflexion étayée sur le corps, sur l'énergie, le mouvement, le rapport entre le son et la disponibilité physique de l'interprète, et exemples à l'appui, PLA nous démontre ce qui change dans l'acoustique si on bloque les épaules, le dos, le poignet, etc. Et illustre aussi comment passer d'une "sonorité de pointe sèche" ravélienne, à "l'absence d'acuité dans l'émission" d'un cor brahmsien...

Il pose ensuite un jeu de correspondances riche d'enseignements entre l'instrument (piano) et le corps-instrument de l'interprète : comment éliminer les blocages, les résistances, bref, il pose les jalons d'une esthétique de l'ergonomie.

La réflexion chemine ensuite sur des questions d'acoustique (Existe-t-il un instrument idéal ? Une salle idéale ? Comment épouser une salle acoustiquement ? Comment faire qu'une salle respire, que le public se sente concerné par la musique ?). Bref, une vraie charte des "Droits et devoirs acoustiques de l'interprète"... Enfin, la conférence se termine en évoquant le son propre à certaines oeuvres ou certains compositeurs (Bach, Mozart, Chopin, Liszt, Kurtag, etc.), puis en construisant des "jeux de doubles", en quelque sorte des filiations acoustiques (Brahms-Stockhausen, Beethoven-Schoenberg, Haydn-Carter).

Plus courte et ramassée que la précédente conférence (environ 1h15), très "concrète" musicalement, cette nouvelle intervention devrait donner matière à réflexion aux pianistes, et aux interprètes en général.