Je crois beaucoup au concept de forme. Et plus précisément, je crois que chaque forme raconte une histoire, que les formes racontent l'Histoire, et que les histoires de formes se répondent ou se contrepointent.
Une illustration : le dialogue entre musique et architecture. "Architecture, musique silencieuse", remarquait Goethe.
Musique et Architecture s'interpénètrent de longue date. Ainsi, que seraient les doubles choeurs de Gabrieli sans la Basilique San Marco de Venise, les Divertimenti de Haydn sans les salons princiers des Esterhazy, les trompes de chasse sans forêt, les danses hongroises de Brahms sans taverne, la musique d'ascenseur sans... Bref, la liste est longue, et pourrait se décliner à l'infini. Le temps doit beaucoup à l'espace, et l'harmonie à la géographie...
Alors, parfois, quand le temps et l'espace se fixent, se cristallisent, s'épurent, ou se transcendent, quand le géomètre se fait musicien, quand le compositeur se fait bâtisseur, parfois, donc, les histoires se mêlent, et les formes se fondent. Parfaits exemples de cet exquis équilibre, la cathédrale et la fugue.
Deux aboutissements, deux hymnes à la verticalité, deux structures hautement architecturées et sévèrement codifiées, mais suffisamment plastiques et malléables pour laisser une vraie liberté aux grands maîtres.
Mais comme il est plus difficile de se "promener" dans une fugue avec aisance que dans la cathédrale de Chartres, voici quelques sites pour s'initier aux lois et aux arcanes de l'édification contrapuntique...
Pour commencer, une animation très simple mais évocatrice, autour d'une fugue de Pachelbel.
Pour ceux qui veulent une version disons "didactique", vous pourrez lires les notes principales du cours de fugue de Michel Baron, ou, en anglais, ce guide de la fugue.
Pour ceux qui ont besoin d'une approche plus drôle et graphique, voici une version BD la plus jolie fin du monde.
Et pour les bilingues, voici quelques ressources théoriques, sur l'anatomie d'une fugue par Timothy Smith, et sur des bibliographies ou des répertoires via Kunstderfuge.