Musicolalie

Notes musicales

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Keyword - Interprétation

Fil des billets

samedi, octobre 10 2009

Master class (classe au mètre)

La classe de maître est un exercice périlleux, une sorte d'acrobatie pédagogique, un jeu d'équilibre entre les questions musicales générales et la brièveté de la prestation, entre les attentes d'un public et les besoins d'un élève.
Pour les musiciens intéressés (et que l'anglais ne rebute pas), YouTube permet de faire de belles rencontres musicales (pourvu qu'on ait la patience d'y musarder un certain temps...). On peut donc retrouver Barenboim et ses master-classes bien connues sur Beethoven, Richard Goode, Andras Schiff qui présente Schubert, Beethoven, Chopin, on y croise également Steven Hough qui fait travailler Liszt, Murray Perahia dans une très brève intervention, Maria Joao Pires et ses élèves...
Le piano n'est pas le seul instrument représenté, Steven Isserlis donne également une master class de violoncelle, Thomas Quasthoff éclaire notre vision du chant... Pour ceux qui souhaiteraient approfondir, le site Masterclass-foundation propose des vidéos (moyennant finance) en intégralité.
Enfin, moins célèbres mais plus didactique, on y trouve également des séries de mini-films, exposant des points techniques ; un bon moyen pour les instrumentistes qui souhaiteraient avoir une initiation au piano complémentaire... Une série de 38 épisodes, plutôt bien construite (même si j'avoue ne pas avoir tout regardé...), pianologiste. Alan Fraser expose également sa vision de la technique dans des master-classes (et de manière plus approfondie dans son DVD The craft of piano playing). Enfin, un site sur la méthode Taubman. Pour les professeurs, une intéressante intervention dans le cadre de la méthode Susuki, avec des réflexions sur l'apprentissage de la musique, le déchiffrage...
Et avec un peu d'attention, on y croise même Stephen Fry et Hugh Laurie (plus connu sour le nom de Dr House) dans une leçon hilarante...

samedi, mars 21 2009

Pierre-Laurent Aimard, Collège de France, Épisode 2

Corps et espace. L'interprète et la scène, le corps de l'interprète ; différents types de productions sonores, multiplicité des techniques, projection acoustique

pianisteDans cette nouvelle conférence, Pierre Laurent Aimard aborde avec finesse et intelligence des questions rarement traitées, et pourtant essentielles. Un précédent billet soulignait le léger manque d'exemples musicaux dans la première conférence donnée au Collège de France ; ce manque est largement comblé aujourd'hui !

Dans une réflexion étayée sur le corps, sur l'énergie, le mouvement, le rapport entre le son et la disponibilité physique de l'interprète, et exemples à l'appui, PLA nous démontre ce qui change dans l'acoustique si on bloque les épaules, le dos, le poignet, etc. Et illustre aussi comment passer d'une "sonorité de pointe sèche" ravélienne, à "l'absence d'acuité dans l'émission" d'un cor brahmsien...

Il pose ensuite un jeu de correspondances riche d'enseignements entre l'instrument (piano) et le corps-instrument de l'interprète : comment éliminer les blocages, les résistances, bref, il pose les jalons d'une esthétique de l'ergonomie.

La réflexion chemine ensuite sur des questions d'acoustique (Existe-t-il un instrument idéal ? Une salle idéale ? Comment épouser une salle acoustiquement ? Comment faire qu'une salle respire, que le public se sente concerné par la musique ?). Bref, une vraie charte des "Droits et devoirs acoustiques de l'interprète"... Enfin, la conférence se termine en évoquant le son propre à certaines oeuvres ou certains compositeurs (Bach, Mozart, Chopin, Liszt, Kurtag, etc.), puis en construisant des "jeux de doubles", en quelque sorte des filiations acoustiques (Brahms-Stockhausen, Beethoven-Schoenberg, Haydn-Carter).

Plus courte et ramassée que la précédente conférence (environ 1h15), très "concrète" musicalement, cette nouvelle intervention devrait donner matière à réflexion aux pianistes, et aux interprètes en général.

vendredi, mars 13 2009

Synthèse vocale et musicale

guitareL'analyse multimédia est en marche, mais il restait à démontrer ce que le multimédia peut apporter à l'art de l'interprétation...
Voici un exemple d'analyse de l'interprétation de Noctuelles - extrait des Miroirs de Ravel - par Samson François, réalisé par Nicolas Donin. Grâce aux nouvelles potentialités offertes par le numérique, il est à présent possible de mesurer précisément les différences de timing et d'intensité entre plusieurs versions, et de mettre en lumière ce qui est spécifique à telle ou telle interprétation...

Ce qui nous amène au deuxième point de ce billet : la "synthèse instrumentale". Si l'on fait un parallèle avec la recherche sur la "synthèse vocale" (faire lire un texte écrit), la "synthèse musicale" est... en retard.

Pour l'instant, on sait transformer par ordinateur certains textes musicaux en musique (voir les possibilités de logiciels comme Finale ou Sibelius). Ce qui manque ? Une plus grande qualité dans la banque de sons disponibles (les "samples", qui cependant s'améliorent rapidement) ; et surtout ce qui fait encore un peu défaut dans la "synthèse vocale" : l'intonation. La spécificité du langage parlé, ce qui véhicule le sens, c'est en effet la musique de la langue et de la voix, son phrasé, son débit, son articulation, sa respiration, ses silences...
Et ce qui est important pour le langage parlé est essentiel pour la langue musicale. C'est donc peu dire qu'il est toujours difficile d'écouter sans crispation un fichier musical type Finale. Mais peut-être plus pour longtemps...

Les chercheurs du KTH Unit for Language and Communication travaillent sur les liens entre langage et musique, et sur la manière de rendre une interprétation mécanique plus "vivante". Pour cela, ils formalisent des concepts et des règles : les contrastes de durée, l'idée de "charge" mélodique (comme on parlerait de la "charge" émotive), la justesse expressive, la ponctuation, la phrase en arche, l'inégalité et le swing, la "charge" harmonique, le ralenti final... Expérience intéressante, qui illustre chaque concept par plusieurs exemples :

  • No Rule : Version sans règle (mécanique pure)
  • Medium : Version musicalement acceptable
  • Exaggerated : Version qui pousse la règle
  • Inverted : Version "en négatif" de la règle

De tout temps, les musiciens ont intuitivement façonné des règles d'exécution musicale ; et pour apprendre l'art de bien chanter, l'art du cantabile, l'inégalité, la justesse, le sens de la couleur, de la modulation colorée, la question du phrasé, de la carrure, etc., il fallait consulter des traités, écouter les maîtres. Et surtout, il fallait avoir du goût. Bientôt, peut-être, il suffira d'avoir Google.

mardi, février 24 2009

Pierre Laurent Aimard au collège de France

aimard460.jpgRendez-vous incontournable : les conférences données par le pianiste Pierre-Laurent Aimard au collège de France, gratuites et ouvertes à tous.
Bientôt disponibles en vidéo sur le Site du collège de France, elles sont centrées sur le rôle de l'interprète, avec des problématiques diversifiées (voir sommaire dans le lien). La première leçon sur la programmation musicale donne le ton : incisif, engagé, virtuose, réfléchi... On attend avec impatience la suite !