Qui suis-je ? Comment définir la justice ? Qu'est ce qu'Autrui ?

La philosophie regorge de questions, toutes plus intéressantes les unes que les autres. Certaines intemporelles, certaines datées ; la question "Qu'est-ce que le réel" me semblait assez spéculative, et du domaine du jeu d'esprit. Un peu comme les paradoxes de Zénon, Achille et la tortue, etc. Titillants, mais pas pertinents.
Et pourtant, la frontière entre le réel et le virtuel s'amenuise au point de rendre la question beaucoup plus pertinente (quoique toujours titillante). Cette frontière, mouvante, impalpable, c'était un peu la frontière entre le jour et la nuit, entre rêve et réalité, raison et folie, présent et passé... Réalité augmentée, cinéma en 3D, Web des objets, nanotechnologies, mille autres choses encore, amènent à reconsidérer la question : le réel existe-t-il si on ne peut plus le différencier du virtuel ? Voir, Sa-voir, Per-cevoir, A-percevoir... Ou pour paraphraser sans talent, "Savoir sans percevoir n'est-ce que ruine de l'âme ?"
Petit prolégomène philosophique, et qui peut se résumer de la façon suivante : faut-il réagir à l'idée que les points noirs, la peau d'orange et autres poignées d'amour ont disparu de notre environnement urbain ? Publicité, cinéma, télévision, photographies... La retouche visuelle soulève des polémiques, dont une récente (via Rue89).
La retouche sonore connaît elle aussi des évolutions majeures. La synthèse sonore, tout d'abord, les sons virtuels, se perfectionnent, vraiment (jetez une oreille sur le Symphonic Orchestra et ses samples)...
Pour faire une analogie, disons que le perfectionnement des instruments MIDI, c'est comme de rendre des films en images de synthèse très réalistes, c'est tirer le virtuel vers le réel, c'est "réaliser" le virtuel . Melodyne "virtualise" le réel : on peut prendre n'importe quel son "réel", et le modifier (pour l'instant, rien de bluffant) ; mais on peut également "rentrer" dans un accord, dans un ensemble de sons, et les modifier à volonté. La performance est belle ; elle signe peut-être un bouleversement comparable à celui du passage de l'écriture cursive à l'écriture numérique.

Le point de convergence de tout cela ? c'est la convergence vers le point ; la brique élémentaire, le pixel, la nanoseconde, l'infime. L'homme s'est donné les moyens pour étudier la matière dans tous ses recoins, mais il y a un vrai changement de paradigme entre la loupe et le microscope (optique puis électronique). La photographie numérique, avec son zoom quasi infini, permet aussi les retouches les plus extrêmes. Les logiciels de retouche sonore permettaient de "scruter" la ligne du temps avec une précision affolante. Ils connaissent leur révolution, leur "naissance de la perspective", puisque dorénavant, ils rentrent dans la verticalité du son, dans l'accord, l'harmonie, la résonance. Bref, ce changement d'échelle d'observation, cette nanotechnologie, ce zoom infini, c'est la première "graine" d'une révolution, la révolution de la granularité.
(Merci à Djac Baweur, qui sauve le monde et fait un super blog...)