Musicolalie

Certains pédagogues laissent une empreinte indélébile sur des générations de musiciens ; Gyorgy Sebok était de ceux là. Les témoignages filmés sur son enseignement sont rares et précieux. Récemment, Altomedia a sorti en DVD un magnifique hommage au maître hongrois.
Depuis peu, d'autres master-classes (Piano Masterclass 1987, Koninklijk Conservatorium 's Gravenhage) sont visibles sur Youtube. Plongez vous dans ces passionnantes captations ; certes, elles sont en anglais (sous-titré j'imagine en hollandais) ; mais la voix du maître est posée et profonde, comme son enseignement.
Bonne année 2011...

Beaucoup de gens jouent très bien de leur instrument. BEAUCOUP de gens en jouent très mal. Il serait absurde et inconcevable de prétendre le contraire ; en revanche, ce qui est absurde mais très concevable (ou désespérant), c'est de confondre les deux catégories.
Par exemple ? Engager le London Symphony Orchestra, faire un disque, des interviews prétentieuses et un clip (non pardon, 4 clips) vidéo de pub façon "gros budget", avoir un nom de jeune prodige moscovite... Et jouer comme ça.
C'est pas gentil d'être méchant. Mais faut pas exagérer non plus.

Dans un précédent billet, j'avais signalé les conférences de Pierre Laurent Aimard au Collège de France. Elles restent un rendez-vous incontournable, mais elles sont dorénavant disponibles en vidéo sur le site du Collège de France, en français et en anglais.
La première de la série traite de la programmation, comment organiser une saison, programmer des oeuvres "impossibles" (type Hammerklavier, Art de la fugue, etc.), construire un programme autour d'une oeuvre phare, élaborer un concert hommage, etc... Pierre Laurent Aimard est non seulement légitime pour évoquer ce sujet (tous les exemples qu'il donne sont récents et concernent les programmations des plus prestigieuses salles du monde - Carnegie Hall, Philarmonie de Berlin, etc.), mais il a une vision aiguisée et une réflexion aboutie sur cette problématique.
Dans ce genre d'acrobaties conceptuelles, l'équilibre est toujours délicat à trouver entre la partie musicale et la partie "discours". On peut regretter qu'il n'y ait pas plus d'exemples musicaux - même si le thème abordé impliquait nécessairement une partie théorique plus importante - mais le passage au piano autour de Ligeti et du concert "étude" rachète à lui seul ce petit manque... Gageons qu'avec les problématiques futures, nous aurons le plaisir d'entendre davantage ce grand pianiste.