Via le site de Qobuz, le podcast des écoutes comparées de Classica ; Bertrand Dermoncourt et ses invités, 10 interprétations d’une œuvre fameuse, et un débat passionné.

Comparer des interprétations en aveugle nous en dit souvent plus sur ceux qui écoutent que sur ceux qui jouent, mais l'expérience reste intéressante, ne serait-ce que pour poser des repères d'écoute, de goût, de subjectivité, de style, de jugement critique.
Jugement critique qui peut (hélas ?) se transposer facilement à la question du jugement des examens en musiques (concours, examens, jurys). Ou le principe d'Heisenberg appliqué à l'art : comment le fait de devoir juger influe sur notre capacité à juger, sur notre perception, et donc sur ce que l'on écoute.
Tout est facteur d'influence :

  • la constitution du "panel" d'écoute (jury alpha, chef de meute, orientation historique, esthétique, etc.)
  • l'ordre des avis (ou comment chacun se place en fonction de ce qui a été dit ; pour, contre, mais en fonction)
  • l'ordre d'écoute (orientation de l'écoute, versions de référence, renforcement des attentes, préoccupations biaisées)
  • la façon de percevoir et de formuler ("son qui cogne" contre "approche virile et pigmentée")
  • la nécessité d'être radiogénique (dire quelque chose, ne pas dire l'évident)

Très enrichissant, donc, pour affiner sa culture, son connaissance, et son sens de la psychologie des foules.
A suivre prochainement, un billet sur la comparaison "scientifique" (ou en tout cas objective) d'interprétations, grâce notamment aux progrès de l'informatique.